Sur le chemin de la formation où je devais aller vendredi soir, en faisant un petit détour, j'ai enfin réussi à me rendre au musée de la dentelle d'Alençon
Je dis enfin, puisque Alençon tout de même c'est à trois quart d'heure à peine du Mans, mais cette proximité fait qu'on se dit toujours qu'on ira un jour et qu'en réalité on ne le fait pas, à l'instar de la visite de Chartres par exemple qu'on a mis des années à concrétiser... alors même qu'on y passait tout près depuis très longtemps.
Voici donc l'occasion qui se présentait pour enfin satisfaire ma curiosité et découvrir ce qui a fait la réputation de cette ville.
D'emblée à l'accueil du musée, on me conseille d'abord d'aller visionner le petit film explicatif de la technique de la dentelle. C'est judicieux et vraiment indispensable pour la suite de la visite.
Voici d'ailleurs pour les curieuses ce petit film facilement trouvé sur internet.
Comme vous avez vu dans le film, le résultat final est l'aboutissement d'un long travail, rythmé de plusieurs phases qui demande une très longue formation (plus de huit ans !) pour en maîtriser le résultat :
Dessin artistique : représentation à l’encre blanche de la dentelle terminée, puis dessin technique à l’encre rouge sur calque adapté aux représentations techniques à mettre en oeuvre.
Piquage : perforation régulière du parchemin en suivant le tracé du dessin technique.
Trace : dessin de fils (armature de la dentelle) réalisé sur le parchemin piqué.
Réseaux : mailles régulières et transparentes réalisées en arrière-plan des points représentatifs des décors et de l’ornementation.
Remplis : points spécifiques au décor réalisés de mailles plus ou moins espacées pour créer des ombres.
Modes : ornementations variées réalisées sur la base de dessins de fils : Cristaux de neige, Râteaux, Venises, O à nez, Saint-Esprit, Mosaïques…
Brode : points spécifiques au relief réalisés sur la trace.
Levage : la dentelle est détachée du parchemin à l’aide d’une lame de rasoir.
Éboutage : brisures de fils minutieusement retirées à l’arrière de la dentelle détachée du parchemin.
Luchage ou affiquage : repassage à froid des «remplis» avec une patte de homard.
Voici quelques unes de mes photos illustrant ce résultat final :
Outre le film, et les travaux présentés dans le musée, chaque après-midi, une dentellière est présente au sein du musée pour expliquer en détail avec ses propres supports les différentes étapes de la création.
Actuellement, elles sont 8 dentellières rattachées au Conservatoire de dentelle d'Alençon créé en 1976 à l'instar de celui de la dentelle du Puy. Ces conservatoires ont pour missions de préserver et de développer ces techniques anciennes de fabrication.
Comme me l'expliquera la dentellière, à la question du devenir et de l'avenir de ce savoir-faire, (problème de recrutement, d'envie aussi de futures dentellières ?), elle m'explique que les dentellières sont actuellement des fonctionnaires et cela pose le problème du budget comme dans beaucoup d'autres fonctions publiques. Quant aux candidatures potentielles, visiblement cela ne se bouscule pas...
Espérons tout de même que ce savoir faire inscrit depuis 2010 à l'UNESCO au patrimoine immatériel de l'humanité puisse perdurer.
Une pièce magnifique : "mariage princier".
Une dentelle à l'aiguille datant de la fin du XIXe début du XXème. (Création Lefébure).
Et puis quelques éventails
Un lien ici pour en savoir un peu plus